Les pertes vaginales sont physiologiques chez la femme, mais elles peuvent être le témoin d'une infection. En médecine, on les désigne sous le terme de « leucorrhée ».
Pertes vaginales : principes et origine
Les pertes vaginales sont normales chez la femme. Elles varient d'une personne à l'autre et au cours du cycle sous l'influence des hormones féminines, les œstrogènes. Elles apparaissent au moment de la puberté et disparaissent à la ménopause, lorsque la production d’œstrogènes diminue.
Elles proviennent :
- De la desquamation vaginale (renouvellement des cellules du vagin), responsable de pertes laiteuses, peu abondantes, augmentant avant les règles.
- De la glaire cervicale secrétée par les cellules du col de l'utérus, translucide, qui augmente avant l'ovulation en milieu de cycle. Cette sécrétion peut être majorée chez certaines femmes selon les particularités de leur col. Cette substance permet aux spermatozoïdes de circuler à l'intérieur du vagin pour atteindre l'ovule et le féconder.
- Des sécrétions émises par deux types de glandes : les glandes de Bartholin et les glandes de Skène, permettant la lubrification du vagin, notamment pendant les rapports sexuels.
À noter : le vagin est colonisé normalement par une flore bactérienne appelée flore de Döderlein qui constitue une barrière anti-bactérienne. Toute perturbation de cette flore favorise les infections.
Différents types de pertes vaginales
Pertes vaginales physiologiques
Les pertes vaginales physiologiques sont blanches ou transparentes, inodores et sans signes associés. Ces secrétions physiologiques n’engendrent aucune irritation et ne sentent pas mauvais. Toutefois, leur abondance peut parfois être source de gêne pour la femme et justifier une consultation chez le gynécologue, qui pourra dans certains cas agir sur le col de l'utérus.
Bon à savoir : le Collège national des gynécologues et obstétriciens français (CNGOF) publie une charte qui rappelle qu'un examen clinique n'est pas systématique lors d'une consultation chez un gynécologue et que si celui-ci est jugé utile, recueillir l'accord oral de la patiente est nécessaire. Par ailleurs, tout examen gynécologique quel qu'il soit doit « respecter la pudeur » de la patiente.
Lors de la puberté, les pertes blanches font leur apparition environ 12 mois avant les premières règles, sous l'influence de la poussée d'œstrogènes. Le corps, qui connaît pour la première fois ce phénomène, est plus sensible et réagit de façon significative avec des pertes vaginales plus abondantes.
Durant la grossesse, les œstrogènes sont également produites en grande quantité, ce qui entraîne des pertes vaginales plus abondantes d'aspect laiteux.
Pertes vaginales au cours de la ménopause
Lors de la ménopause, sous l'influence de la baisse des œstrogènes, les pertes vaginales s'arrêtent.
Leur persistance peut être due à :
- Une atrophie vaginale par carence hormonale ou vaginite atrophique sénile dont le traitement sera hormonal,
- Une infection sexuellement transmissible ou une mycose vaginale,
- Un cancer du vagin ou de l'utérus.
Pertes vaginales d'eau ou de sang (en dehors du cycle menstruel)
Des pertes vaginales d'eau (hydrorrhée) ou de sang peuvent être révélatrices d’une lésion du col de l'utérus, de l'endomètre (muqueuse tapissant les parois de l'utérus) ou des trompes de l'utérus. Ces lésions peuvent être des polypes, des fibromes, des lésions pré-cancéreuses ou déjà au stade de cancer. Elles doivent amener à consulter un gynécologue.
Pertes vaginales dues à une mycose
La mycose vaginale est due à un champignon appelé Candida Albicans, qui entraîne des pertes vaginales d'aspect blanchâtre et grumeleux, associées à des démangeaisons et des brûlures vaginales.
Ce n'est pas une maladie sexuellement transmissible : ce champignon fait partie de la flore normale de la bouche et du tube digestif. Une perturbation de l'équilibre de la flore vaginale entraîne un développement excessif de ce champignon. Cette perturbation peut être hormonale (grossesse, ménopause), due à une antibiothérapie ou à une maladie (diabète, immunodépression). Cela peut aussi être dû à une hygiène intime inadaptée : toilettes excessives, utilisation d'antiseptiques locaux, pantalons trop serrés, sous-vêtements en fibres synthétiques, piscine.
Pertes vaginales dues à une infection sexuellement transmissible
Les pertes vaginales dues à une infection sexuellement transmissible sont habituellement verdâtres et nauséabondes, parfois associées à une fièvre et des douleurs abdominales basses. Les bactéries en cause peuvent infecter les trompes de l'utérus et provoquer une salpingite.
Cela nécessite des antibiotiques, ainsi que la recherche d'autres infections sexuellement transmissibles.
Pertes vaginales dues à une bactérie : Gardnerella vaginalis
La bactérie Gardnerella vaginalis fait partie de la flore normale du vagin. Elle peut provoquer une infection vaginale en cas de perturbation de l'équilibre de la flore. Les pertes vaginales sont alors abondantes, grisâtres et nauséabondes (on dit qu'elles sentent le « poisson pourri »). Ce n'est pas une infection sexuellement transmissible et cela se traite par antibiotiques.
Quand s'inquiéter ? Pertes vaginales anormales
Les pertes vaginales sont anormales si elles n'ont pas de rapport avec le cycle, s'il existe des signes associés ou si leur aspect est inhabituel.
De manière générale, toute modification de la couleur, de l’abondance ou de l’odeur des pertes vaginales doit alerter. Ainsi, il est conseillé de consulter un médecin ou gynécologue si elles :
- persistent plus d’une semaine ;
- sont inhabituellement abondantes ;
- s’accompagnent d’un inconfort, d'une sensation de brûlures ou de démangeaisons au niveau du vagin ;
- s’associent à des pertes de sang en dehors des règles ;
- ont une odeur forte ;
- sont associées à des douleurs abdominales ;
- s’accompagnent de fièvre.
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